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27 mai 2025

CONFORMITÉ

Conformité des courtiers : les clés pour ne pas subir la réglementation

Être courtier en assurance, ce n’est pas seulement accompagner ses clients : c’est aussi naviguer dans un océan d’obligations de plus en plus complexes. Réglementations européennes, lois nationales, contrôles de l’ACPR, exigences de la CNIL, directives de la DGCCRF… Le cadre s’est densifié, les attentes se sont renforcées, et il devient difficile de s’y retrouver.

Entre la directive DDA, la réforme du courtage de 2021, l’obligation d’adhésion à une association professionnelle agréée, ou encore les recommandations de l’ACPR en matière de conseil, de gouvernance des produits ou de conflits d’intérêts, le quotidien du courtier est de plus en plus structuré par la conformité.

À cela s’ajoutent les exigences internes : lutte contre le blanchiment (LCB-FT), protection des données (RGPD), traitement des réclamations… Autant de volets qui exigent méthode, traçabilité, et parfois des investissements que beaucoup de cabinets ont du mal à cadrer seuls.

Je le sais, car je l’ai vécu. Et parce que ce contexte réglementaire est devenu un véritable labyrinthe, j’ai conçu ce dossier pour vous aider à y voir clair. Objectif : décrypter les textes, illustrer par des cas concrets, et surtout, proposer des solutions simples, applicables et à jour pour rester conforme sans sacrifier l’efficacité.

I. Les obligations de base du courtier : le socle incontournable

Avant même d'entrer dans le détail des produits d'assurance que vous distribuez, il existe un ensemble fondamental de règles du jeu. Ce sont les obligations légales et réglementaires qui s'imposent à vous dès lors que vous exercez votre activité d'intermédiaire. Ce socle commun concerne votre capacité et votre autorisation à exercer, bien sûr, mais aussi, et c'est absolument central, votre devoir d'information et de conseil envers vos clients. Sans oublier le respect de certaines règles de déontologie professionnelle qui sont l'essence même de votre métier. Détaillons ensemble ces exigences fondamentales.

1. Sésame pour exercer : immatriculation, RCP et garanties financières

Pour exercer comme courtier, vous devez d'abord obtenir votre "permis de conduire" professionnel. Cela passe impérativement par une immatriculation annuelle à l'ORIAS (registre unique des intermédiaires), en catégorie "courtier". Cette inscription n'est accordée que si vous remplissez des conditions strictes, cumulatives et vérifiées :

  • Capacité professionnelle (Niveau I IAS) : Vous devez prouver votre compétence technique et juridique, acquise par un diplôme spécifique, un stage de 150h, ou une expérience professionnelle significative (2 ans comme cadre, 4 ans comme non-cadre dans le secteur – cf. art. L.512-5, R.512-8 et A.512-6 C. ass.).
  • Honorabilité : Un casier judiciaire (bulletin n°2) vierge de certaines condamnations est indispensable (art. L.322-2 C. ass.).
  • Assurance de Responsabilité Civile Professionnelle (RCP) : Absolument obligatoire, elle couvre vos fautes professionnelles. Les garanties minimales sont élevées : 1,5 M€ par sinistre et 2 M€ par an (seuils qui vont d'ailleurs augmenter à ~1,56 M€ et ~2,31 M€ – art. L.512-6 et A.512-4 C. ass.). C'est une protection essentielle pour vos clients et pour la pérennité de votre activité.
  • Garantie financière : Exigée uniquement si vous encaissez des fonds de clients (primes, indemnités). Son montant minimal est de 115 000 €, ou le double du montant mensuel moyen des fonds encaissés (art. L.512-7 et A.512-5 C. ass.). Beaucoup de courtiers s'en exonèrent en n'encaissant pas de fonds.
  • Adhésion à une association professionnelle agréée : Depuis la réforme de 2021 (loi n°2021-402), c'est une condition d'immatriculation. Ces associations (ex : Planète CSCA, CNCEF Assurance) vérifient vos obligations et vous accompagnent en conformité.

Sans ce "package" complet (ORIAS, RCP, adhésion, etc.), impossible d'exercer légalement. Les sanctions pour exercice illégal sont lourdes : jusqu'à un an de prison et 15 000 € d'amende (art. 433-17 C. pénal), plus une interdiction d'exercer par l'ACPR. La rigueur est donc de mise dès le départ.

2. La transparence avant tout : votre obligation d'information précontractuelle

Avant toute signature, votre client a le droit de tout savoir. Cette obligation d'information précontractuelle (art. L.521-2 C. ass., DDA) est votre devoir. Concrètement, vous devez fournir :

  • Un "document d'entrée en relation" : Il précise votre identité, votre n°ORIAS, votre statut de courtier (indépendant ou non), d'éventuels liens capitalistiques avec des assureurs, et les voies de recours (réclamation, médiateur). C'est la base de la transparence.
  • Des informations claires sur le produit : Remettez la fiche d'information produit (IPID en non-vie) ou le document d'informations clés (DIC en assurance vie/IBIP), les conditions générales, et attirez l'attention sur les garanties, les exclusions majeures, et le coût. Expliquez-lui ce qu'il achète.
  • La nature de votre rémunération : Indiquez si vous touchez une commission (incluse dans la prime) ou des honoraires. Précisez également si votre conseil se fonde sur une analyse large du marché ou restreinte. Le client doit comprendre la portée de votre intervention.
  • Des informations spécifiques si besoin : En assurance emprunteur, par exemple, la Fiche Standardisée d'Information (FSI) est cruciale, tout comme l'information sur le droit de résiliation à tout moment (loi Lemoine). En assurance santé, le droit de résiliation infra-annuelle après un an doit aussi être rappelé.

Manquer à ces obligations vous expose à des sanctions de l'ACPR et peut fragiliser le contrat. Cette information, bien que cruciale, ne remplace pas le conseil.

3. Le cœur de votre métier : un devoir de conseil personnalisé et adapté

Plus qu'informer, vous devez conseiller. C'est votre obligation la plus emblématique (art. L.521-1 et s. C. ass.), une obligation de moyens renforcée. Votre mission : analyser les besoins de votre client, lui proposer la solution la mieux adaptée, et motiver votre choix par écrit. Voici les étapes clés :

  1. Recueillir et formaliser les besoins : Interrogez votre client sur sa situation, ses attentes (via un questionnaire, un entretien) et formalisez cela dans une "fiche d'exigences et besoins" qui lui est remise.
  2. Analyser et comparer les offres : En tant que courtier, vous devez sonder le marché de manière suffisamment large (sauf si vous informez le client d'une analyse restreinte).
  3. Recommander et justifier par écrit : Votre "fiche de conseil" doit expliquer clairement pourquoi le contrat proposé est pertinent pour ce client spécifique. Cette traçabilité est essentielle.

Ce devoir de conseil est large et s'inscrit dans la durée :

  • Mettre en garde : Vous devez alerter sur les insuffisances de couverture, les exclusions importantes et leurs conséquences (la jurisprudence sanctionne le défaut de mise en garde, ex: sur un capital assuré insuffisant, Cass. 1ère civ., 12 juillet 2005).
  • Assurer un suivi : Le conseil ne s'arrête pas à la souscription. Vous devez accompagner votre client dans le temps, notamment si sa situation ou ses risques évoluent (Cass. 1ère civ., 30 sept. 2015).

La recommandation ACPR 2023-R-01 (applicable depuis juillet 2024) insiste sur ce conseil individualisé, documenté et désintéressé. Un manquement peut engager votre responsabilité civile et vous obliger à indemniser le client.

4. Les autres piliers de votre déontologie : loyauté, confidentialité et organisation

Au-delà de l'information et du conseil, d'autres principes fondamentaux doivent guider votre pratique quotidienne pour assurer une relation de confiance et une activité pérenne :

  • Agir avec honnêteté, impartialité et loyauté : Le fameux "best interest" du client (principe DDA). Cela signifie privilégier ses intérêts avant les vôtres, notamment en matière de rémunération, et gérer les conflits d'intérêts en toute transparence.
  • Respecter le secret professionnel et la confidentialité : Vous détenez des informations sensibles (santé, patrimoine...). Leur confidentialité est absolue (art. L.511-33 C. ass., RGPD). Toute divulgation non autorisée est une faute grave.
  • Disposer d'une organisation interne adaptée : Même une petite structure doit avoir des procédures claires pour le suivi des clients, le traitement rapide des demandes, la tenue des registres, et un dispositif de contrôle interne (arrêté du 6 janvier 2021). La gestion des réclamations doit être formalisée.
  • Assurer une formation continue : Pour maintenir un haut niveau de compétence, la DDA vous impose (ainsi qu'à vos collaborateurs en contact avec la clientèle) un minimum de 15 heures de formation par an. C'est une condition du maintien de votre capacité professionnelle.

Ces obligations, parfois moins visibles, constituent le socle éthique et organisationnel de votre profession. Elles sont le gage de votre sérieux et de la confiance que vous inspirez.

II. Zoom sur la conformité réglementaire : DDA, LCB-FT, RGPD et autres exigences

Dans cette section, nous allons mettre un coup de projecteur sur des réglementations clés. La Directive sur la Distribution d'Assurances (DDA) bien sûr, mais aussi la Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LCB-FT), le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), la gestion des réclamations, et quelques autres points de vigilance. Chacun impose des obligations précises et des dispositifs à mettre en place.

1. La distribution d'assurances (DDA) : gouvernance produit, transparence et l'intérêt du client avant tout

La DDA, transposée en France en 2018, a profondément modifié vos pratiques. Au-delà du conseil, elle impose des règles organisationnelles précises :

  • Primauté de l'intérêt du client : C'est le principe cardinal (art. L.521-1 C. ass.). Vous devez toujours agir de manière honnête, impartiale et professionnelle, au mieux des intérêts de vos clients. Cela implique de prévenir et gérer activement les conflits d'intérêts (par exemple, ne pas pousser un produit plus rémunérateur pour vous s'il n'est pas le meilleur pour le client). Des pratiques comme la vente forcée sont évidemment proscrites et sanctionnées (l'affaire SFAM en est un triste exemple).
  • Gouvernance et surveillance des produits (POG) : Les concepteurs de produits (assureurs, courtiers grossistes) doivent définir un "marché cible" pour chaque contrat. Vous, courtiers distributeurs, devez comprendre ce marché cible et ne proposer le produit qu'aux clients correspondants. Vous devez aussi informer l'assureur si des ventes se font hors cible ou si des problèmes émergent. La recommandation ACPR 2023-R-01 détaille ces attentes, y compris pour les grossistes qui doivent bien sélectionner et informer leurs réseaux.
  • Politique de rémunération transparente : Votre rémunération ne doit pas nuire à l'obligation d'agir au mieux du client. Les systèmes de rémunération ne doivent pas encourager la vente de produits inadaptés. Vous devez informer le client sur la nature de votre rémunération (commission, honoraires). Pour les produits d'investissement basés sur l'assurance (IBIP), le client peut même demander le montant de votre commission.
  • Conseil renforcé pour les produits d'investissement : Pour les contrats d'assurance-vie en unités de compte (IBIP), vous devez évaluer les connaissances et l'expérience du client, son profil de risque et ses objectifs pour assurer l'adéquation du produit, dans un esprit proche de MIFID II.

La DDA impose donc une conduite globalement orientée client, bien au-delà du simple conseil.

2. La lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LCB-FT) : une vigilance de tous les instants

Vous êtes, pour la plupart, assujettis aux obligations de LCB-FT (art. L.561-2 CMF), car l'assurance, notamment l'assurance-vie, peut être un vecteur de blanchiment. Vos principales obligations sont :

  • Évaluer vos risques et classer votre clientèle : Vous devez formaliser votre propre analyse des risques (clientèle, produits, canaux) et classer vos clients selon leur niveau de risque pour adapter votre vigilance (arrêté du 6 janvier 2021).
  • Identifier vos clients et les bénéficiaires effectifs : Une identification rigoureuse est cruciale, y compris pour les ventes à distance. La consultation du Registre des Bénéficiaires Effectifs (RBE) est obligatoire pour les personnes morales.
  • Exercer une vigilance constante et renforcée si besoin : Suivez les opérations et assurez leur cohérence avec le profil du client (KYC continu). Une vigilance accrue s'impose pour les clients à risque élevé (ex: Personnes Politiquement Exposées).
  • Mettre en place un dispositif interne : Cela inclut la formation régulière de vos équipes, la désignation d'un responsable LCB-FT et d'un correspondant Tracfin (déclaration obligatoire sur la plateforme ERMES), et des procédures de contrôle interne.
  • Détecter et déclarer les opérations suspectes : Toute opération atypique ou soupçon vous semblant lié à du blanchiment ou au financement du terrorisme doit faire l'objet sans délai d'une Déclaration de Soupçon (DS) à Tracfin. Vous devez aussi informer l'assureur. N'oubliez pas d'appliquer les mesures de gel des avoirs si nécessaire.

L'ACPR a constaté des lacunes chez certains courtiers (rapport fin 2023) et n'hésite pas à sanctionner les défaillances (ex: décision de mai 2023). La LCB-FT est une contrainte forte mais non négociable.

Parfait, poursuivons avec les trois derniers volets de notre "Zoom sur la conformité réglementaire". Nous allons aborder la protection des données personnelles (RGPD), un sujet incontournable, puis la gestion des réclamations et quelques autres points de vigilance importants. Toujours de manière concise et opérationnelle.

3. La protection des données personnelles (RGPD) et le respect de la vie privée de vos clients : un impératif absolu

En tant que courtier, vous traitez une multitude de données personnelles, souvent sensibles (santé, revenus). Le RGPD, en vigueur depuis 2018, vous impose une discipline stricte, car vous êtes généralement "responsable de traitement". Voici l'essentiel :

  • Respectez les grands principes : Collectez les données de manière licite et pour des finalités déterminées (principalement l'exécution du contrat). Ne collectez que les données nécessaires (minimisation). Informez clairement vos clients (notice RGPD sur les traitements, durées de conservation, droits).
  • Assurez la sécurité et la confidentialité : Mettez en place des mesures techniques et organisationnelles robustes pour protéger ces données (accès sécurisés, sauvegardes, etc.). En cas de violation de données présentant un risque, vous devez notifier la CNIL (et parfois les personnes concernées) dans les 72 heures. La CNIL a déjà sanctionné des courtiers pour des failles de sécurité (ex: Active Assurances, amende de 180 000 € pour données accessibles suite à un défaut d'authentification) ou pour conservation excessive et défaut d'information.
  • Garantissez les droits des personnes : Vos clients ont des droits (accès à leurs données, rectification, effacement sous conditions, opposition, portabilité). Vous devez être en mesure de répondre à leurs demandes dans les délais (1 mois).
  • Encadrez la sous-traitance : Si vous utilisez des prestataires qui traitent des données pour vous (CRM cloud, etc.), un contrat de sous-traitance conforme (art. 28 RGPD) est indispensable.
  • Désignez un DPO (Délégué à la Protection des Données) si nécessaire : Ce n'est pas toujours obligatoire pour les courtiers, sauf en cas de traitement à grande échelle de données sensibles. Toutefois, en nommer un (interne ou mutualisé) est une bonne pratique.

Le RGPD exige une véritable culture de la protection des données. Les sanctions peuvent être très lourdes (jusqu'à 4% du CA mondial), sans parler du risque réputationnel.

4. Le traitement des réclamations clients et la médiation : gérer les insatisfactions avec professionnalisme

La manière dont vous gérez les mécontentements est cruciale pour la confiance et la conformité. L'ACPR y veille (Recommandation 2024-R-02, actualisant les précédentes). Vous devez avoir une procédure claire :

  • Définir et enregistrer la réclamation : Toute expression de mécontentement d'un client envers vous doit être qualifiée de réclamation (ACPR 2022-R-01) et enregistrée dans un registre.
  • Mettre en place une procédure interne écrite : Elle doit décrire qui traite la réclamation (une personne/service distinct des commerciaux si possible), comment accuser réception (sous 10 jours ouvrés), comment analyser la demande, et comment y répondre (dans un délai maximal de 2 mois).
  • Informer le client : Les modalités pour déposer une réclamation (coordonnées, procédure) doivent être facilement accessibles (site web, documents contractuels).
  • Proposer la médiation : Si la réponse ne satisfait pas le client ou en l'absence de réponse dans les 2 mois, vous devez l'informer de son droit de saisir gratuitement un médiateur compétent (généralement la Médiation de l'Assurance). Les associations professionnelles de courtiers jouent aussi un rôle ici.
  • Analyser les réclamations pour progresser : Utilisez les retours clients pour identifier des problèmes récurrents et améliorer vos pratiques. C'est un outil d'amélioration continue.

Un traitement sérieux des réclamations évite souvent l'escalade vers des contentieux ou des signalements à l'ACPR, qui contrôle activement ce dispositif.

5. Les autres domaines de conformité à ne pas négliger : une vigilance tous azimuts

Pour clore ce paragraphe sur la conformité réglementaire, gardez à l'esprit quelques autres points importants qui complètent le tableau de vos obligations :

  • Ne pas inciter à la résiliation abusive de contrats : Les lois facilitant la résiliation (Hamon, Bourquin, Lemoine) ouvrent des opportunités, mais vous devez agir dans l'intérêt du client et respecter les procédures (mandat clair, éviter les trous de couverture). L'ACPR surveille les pratiques agressives.
  • Interdire les pratiques commerciales trompeuses : Le Code de la consommation s'applique. Toute publicité mensongère ou omission d'information substantielle est proscrite. La DGCCRF sanctionne ces dérives (l'affaire SFAM a aussi fait l'objet d'une lourde amende de la DGCCRF pour de telles pratiques). La clarté et la sincérité sont vos meilleures alliées.
  • Respecter vos obligations fiscales et sociales : Cela va de soi, mais le paiement des taxes (taxe sur les conventions d'assurances), la TVA sur les honoraires éventuels, et le respect du Code du travail sont des fondamentaux.
  • Connaître vos obligations en cas d'activité transfrontalière (LPS) : Si vous distribuez des contrats dans d'autres pays de l'UE (ou inversement), des notifications et le respect du droit local de la consommation s'imposent.

Vous évoluez dans un environnement multiréglementé. Cette vigilance constante sur tous les fronts est la clé d'une activité sereine et pérenne.

III. Sanctions et contentieux : quels risques en cas de non-conformité ?

Ne pas respecter ses obligations expose le courtier à un éventail de sanctions et de mises en cause. Du simple rappel à l'ordre à des amendes conséquentes, voire à l'interdiction d'exercer, les conséquences peuvent être lourdes. Examinons les principaux risques.

1. Les pouvoirs de l'ACPR : rappels à l'ordre, sanctions pécuniaires et retraits d'agrément

L'ACPR, le régulateur du secteur, dispose d'un arsenal gradué pour faire respecter les règles :

  • Le rappel à l'ordre / la lettre de suite : Pour des manquements légers ou formels, l'ACPR peut adresser un courrier non public demandant une mise en conformité. C'est un premier avertissement à prendre très au sérieux.
  • La procédure de sanction : Pour des manquements plus graves, la Commission des sanctions de l'ACPR peut prononcer des sanctions publiques :
    • Blâme ou avertissement : Sanctions formelles, parfois avec une amende symbolique.
    • Sanction pécuniaire : L'amende peut théoriquement atteindre 100 M€ ou 10% du CA (art. L.612-39 CMF). En pratique, pour les courtiers, les montants sont plus bas mais peuvent être significatifs. Par exemple, l'affaire GPMA/Prefon (octobre 2022) a vu un courtier et ses dirigeants sanctionnés à hauteur d'environ 500 000 € pour de multiples manquements (gouvernance, contrôle interne).
    • Interdiction d'exercice (temporaire ou définitive) / Radiation : C'est la sanction la plus sévère. L'ACPR peut interdire d'exercer jusqu'à 10 ans, voire radier de l'ORIAS. L'affaire SFAM/Indexia (2023) a conduit à une interdiction d'exercer d'un an (avec sursis partiel). Une décision d'octobre 2022 a même banni une société de courtage pour 7 ans et ses dirigeants pour 5 et 7 ans, avec de fortes amendes, pour méconnaissance totale des obligations.

La publicité de ces sanctions a un effet dissuasif et un impact réputationnel majeur. Les motifs varient : défaut de conseil, lacunes en LCB-FT, organisation défaillante, etc.

2. La responsabilité civile : quand vos clients vous mettent en cause

Indépendamment de l'ACPR, vos clients peuvent vous poursuivre devant les tribunaux judiciaires si une de vos fautes leur cause un préjudice. C'est la mise en jeu de votre responsabilité civile (contractuelle ou délictuelle) :

  • Défaut de conseil et couverture inadaptée : C'est le cas le plus fréquent. Si un client subit un sinistre non couvert ou mal indemnisé par votre faute (ex: capital assuré insuffisant, Cass. 1ère civ., 12 juillet 2005), vous pouvez être condamné à l'indemniser. Attention, c'est à vous, courtier, de prouver que vous avez bien conseillé (Cass. 2ᵉ civ., 17 nov. 2016).
  • Erreur ou omission dans la gestion du contrat : Une erreur dans la transmission d'informations à l'assureur ou dans la déclaration du risque peut entraîner la nullité du contrat et engager votre responsabilité (ex: affaire Médecins Sans Frontières, Cass. 1ère civ, 15 mai 2015, pour défaut de suivi).
  • Faute dans le traitement d'un sinistre : Un conseil erroné qui fait perdre une indemnisation à votre client peut vous être reproché.
  • Préjudice lié à la violation de données (RGPD) : Un client peut demander réparation si ses données personnelles sont compromises par votre négligence.

Votre assurance RCP est là pour couvrir ces condamnations, mais une faute intentionnelle ou hors champ pourrait ne pas être prise en charge. Les sommes en jeu peuvent être considérables, incluant parfois l'indemnisation d'une "perte de chance".

3. Les risques pénaux : fraude, blanchiment, exercice illégal

Plus rares, les poursuites pénales sont possibles pour les manquements les plus graves :

  • Exercice illégal de la profession : Opérer sans immatriculation ORIAS ou après radiation est un délit (art. L.310-34 C. ass. / art. 433-17 C. pénal), passible de prison et d'amendes.
  • Abus de confiance, escroquerie : Détourner des fonds clients (primes non reversées, indemnités conservées) ou vendre sciemment de faux contrats sont des infractions sévèrement punies.
  • Complicité de blanchiment de capitaux ou de corruption : Aider consciemment à recycler de l'argent sale via des contrats d'assurance, ou participer à des actes de corruption pour obtenir des marchés, expose à de lourdes peines (jusqu'à 10 ans de prison pour blanchiment aggravé).

Ces risques concernent surtout des dérives intentionnelles, mais leur gravité justifie une vigilance absolue.

4. Les conséquences sur votre réputation et votre activité commerciale : un impact à ne pas sous-estimer

Au-delà des sanctions directes, l'impact d'une non-conformité avérée sur votre image et votre business peut être dévastateur :

  • Perte de confiance des clients : Des résiliations de contrats, une difficulté à acquérir de nouveaux clients, surtout en B2B où la gouvernance est scrutée. Une mauvaise publicité, amplifiée par les réseaux sociaux, peut faire des ravages.
  • Dégradation des relations avec les assureurs partenaires : Les compagnies peuvent rompre leurs conventions avec un courtier jugé à risque ou dont la réputation est entachée, vous privant de leurs produits.
  • Exclusion de votre association professionnelle : Une condamnation pour faute grave peut entraîner votre exclusion, et donc votre radiation de l'ORIAS si vous ne trouvez pas une autre association.
  • Impact sur le moral et la performance interne : Un scandale ou une procédure lourde peut démotiver vos équipes et nuire à l'attractivité de votre cabinet.

La non-conformité a donc un coût financier direct (amendes, dommages-intérêts, frais juridiques) et un coût indirect (perte d'activité, dégradation de l'image) qui peut s'avérer encore plus lourd à long terme.

IV. Comment les cabinets de courtage s'organisent pour la conformité ?

Face à la complexité réglementaire, s'organiser n'est plus une option, c'est une nécessité. Que vous soyez un petit cabinet ou une structure plus importante, des solutions existent pour intégrer la conformité de manière efficace. Voyons comment, en illustrant avec l'approche que peut proposer une solution numérique dédiée comme Kase.

1. La gouvernance de la conformité : le rôle clé du dirigeant et l'appui d'outils dédiés

La conformité part du sommet. Le dirigeant est le premier responsable, impulsant la culture et engageant sa responsabilité. Dans les structures plus importantes, un "Compliance Officer" peut orchestrer la veille, les procédures et la formation. Pour les aider, des outils peuvent centraliser le suivi. Par exemple, j'ai noté que la plateforme Kase ambitionne de fournir une vision globale et des alertes, notamment sur la conformité LCB-FT des clients (entreprises et dirigeants), en se connectant à des bases de données de référence comme Pappers ou OpenSanctions. Ce type d'outil peut donc devenir un véritable assistant pour le responsable conformité, en automatisant certaines vérifications et en signalant les points d'attention, permettant ainsi une gouvernance plus proactive. Le soutien des associations professionnelles reste par ailleurs fondamental pour les conseils et les partages de bonnes pratiques.

2. Les outils et procédures internes : digitaliser pour sécuriser

Une bonne gouvernance s'appuie sur des procédures claires et des outils qui facilitent leur application. La formalisation écrite de vos process (Devoir de conseil, LCB-FT, RGPD, Réclamations, Contrôle interne) est attendue par l'ACPR. Pour les mettre en œuvre, la digitalisation est une clé. C’est pourquoi des solutions comme Kase intègrent un module CRM gratuit spécifiquement conçu pour les courtiers, qui peut aider à gérer les clients tout au long de leur cycle de vie, y compris les aspects de conformité. Leur module "Conformité" vise par exemple à authentifier l'existence et la conformité des entreprises clientes, et à vérifier l'absence d'exposition juridique des dirigeants et bénéficiaires effectifs sur les listes de sanctions (gel des avoirs, PPE), avec des vérifications régulières et des alertes. La génération automatique de devis et la souscription via signature électronique, également proposées, contribuent à la traçabilité et à la sécurisation des processus DDA. Un archivage numérique sécurisé de ces éléments est ensuite crucial.

3. La culture interne et la formation du personnel : l'humain, premier maillon de la chaîne

Les outils ne font pas tout ; l'humain reste central. Développer une véritable culture de la conformité est essentiel. Cela passe par une formation continue qui va au-delà des 15h DDA obligatoires, avec des sessions régulières et pratiques. Il est important de valoriser les bons comportements et d'utiliser les incidents comme des opportunités d'apprentissage. Si des outils comme Kase peuvent automatiser certains contrôles de conformité (par exemple sur les bénéficiaires effectifs ou les listes de sanctions), c'est bien l'action humaine qui est requise en cas d'alerte pour notifier les partenaires et autorités. La simplification des tâches administratives grâce à des plateformes performantes peut aussi libérer du temps aux commerciaux pour qu'ils se concentrent sur le conseil de qualité, tout en s'assurant que les dossiers sont complets et conformes.

4. L'apport des associations professionnelles et la préparation aux audits

Les associations professionnelles agréées jouent un rôle d'accompagnement crucial, notamment via des audits pédagogiques et la diffusion de bonnes pratiques. Pour faciliter les audits, qu'ils soient internes, menés par les associations, ou par l'ACPR, une bonne organisation et la traçabilité des actions sont indispensables. Disposer d'un système d'information où toutes les données clients, les documents contractuels, les preuves de conseil et les vérifications de conformité sont centralisés et facilement accessibles est un atout majeur. Des plateformes qui se connectent à des sources de données externes et conservent un historique des vérifications, peuvent grandement simplifier la collecte des éléments nécessaires lors d'un contrôle et démontrer la rigueur de vos processus. L'utilisation de consultants externes pour des missions spécifiques reste également une option pour un regard expert.

5. L'adaptation nécessaire : des solutions pour toutes les tailles et tous les besoins

La conformité doit être proportionnée à la taille et aux risques de chaque cabinet. Les TPE n'auront pas les mêmes moyens que les grands groupes, mais les obligations fondamentales demeurent. L'avantage des solutions numériques modernes est souvent leur scalabilité. L'objectif est de permettre aux courtiers de se concentrer sur leur valeur ajoutée – le conseil – tout en s'appuyant sur un socle technologique qui gère une partie de la complexité administrative et réglementaire. Cette approche s'adapte que vous soyez un courtier généraliste ou plus spécialisé sur certains risques professionnels.

QUESTIONS FRÉQUENTES

1. Quelles sont les obligations incontournables pour exercer comme courtier en assurance ?
2. Quelles sont les règles à respecter lors de la souscription d’un contrat avec un client ?
3. Quelles sont les grandes règles imposées par la DDA aux courtiers ?
4. Comment un cabinet peut-il répondre à ses obligations de conformité sans complexité ?
5. Que risque un courtier en cas de manquement à ses obligations réglementaires ?

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